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29 mars 2021

La résidence Jules Ferry à St Dié-des-Vosges

7 ans de réflexion après la labellisation.

La résidence Jules Ferry à Saint-Dié-des-Vosges

Nous remettons en lumière aujourd’hui un projet que nous avons labellisé il y a quelques années, la résidence Jules Ferry situé à Saint-Dié-des Vosges, labellisée Passivhaus « Classique » en 2015 pour revenir sur ses innovations majeures qu’il fallait que le temps valide...



A l’époque, sa construction avait fait grand bruit : mais qu’avait dans la tête le Toit Vosgien, bailleur social de son état, en faisant construire à St-Dié-des-Vosges le plus haut bâtiment en bois de France ? Le tout confié à une jeune équipe (ASP architecture + Terranergie) ? Revenons sur la genèse de la première tour solaire d'habitation française.



Cette construction se compose de 2 bâtiments, l’un de 2 étages et l’autre de 7 étages totalisant 26 logements. Chacun de ces logements dispose d’un balcon orienté sud afin de maximiser l’apport solaire d’hiver. Tout a été pensé afin de maximiser les apports solaires gratuits : par ex. les bâtiments sont exactement éloignés pour ne pas se faire d’ombrage pendant l’hiver ! Pour l’été, les balcons sont suffisamment profonds pour empêcher le soleil au zénith d’entrer dans les logements. L’est et l’ouest sont : soit des pignons aveugles, soit protégés : le confort d’été est ici -et c’était loin d’être une gageure- totalement réalisé par une solution 100% architecturale : on a même été jusqu’à supprimer les volets ou les BSO, là où ils sont inutiles ! Pas besoin de s’encombrer d’une solution qui surenchérit la construction puisqu’on n’en a pas d’utilité ! C’était assez osé en 2013, l’architecture solaire n’en était qu’à ses débuts. Pourtant, les calculs solaires très complets se sont révélés plus que pertinents.

Mais là ne s’arrêtent pas les innovations du projet : 

Pour des raisons de coûts encore, la paille a été choisie : c’était une bonne solution d’isolation pour atteindre le label Passivhaus « classique » qui diminue considérablement les charges pour les habitants et limite les dégâts pour la planète.


Mais jamais encore la paille n’avait été utilisée de façon aussi systématique et en plus dans une tour ! Les tours ont cette particularité qu’elles génèrent des comportements irrationnels. Pour un rien, elles sont qualifiées « d’infernales » et quelques fois avec raison : ce fut le cas de la Tour Grenfell (24 étages) de Londres qui a été le tombeau de 79 personnes en 2017.

Et celle de Saint-Dié-des-Vosges ? Ben rien. La paille est un très mauvais combustible : la paille ne brûle pas, elle se consume, produit du charbon de bois et s’éteint. C’est donc sur ce constat que les tests du CSTB ont fini par statuer, ce qui a permis de fixer les 700 caissons qui contiennent les bottes de paille et qui, placés sur toute la structure porteuse faite de panneaux de bois massif lamellé-collé (CLT), constitue une isolation très efficace et bien peu chargée en carbone ! (low-carbon pour les freaks)


Bien sûr, le bâtiment est équipé d’une « ventilation de confort », qui insuffle un air neuf préchauffé grâce à l’énergie récupérée sur l’air vicié de manière passive par un échangeur rotatif à haut rendement. 

Mais là ne s’arrête pas la récupération passive des calories ! La résidence Jules Ferry est l’un des premiers bâtiments à être équipé de récupérateurs sur eaux grises passifs (voir photo ci-dessus). En effet, la récupération de chaleur sur eaux grises est équivalente à la réutilisation de 30 % des calories contenue dans l’eau chaude utilisée (ECS). 

Le 11 janvier 2020, France 2 dans son émission « Tout Compte Fait » a choisi de parler des « maisons économes ». Dans ce reportage, vous allez à la rencontre de personnes qui vivent au quotidien dans des logements moins ravageurs pour notre planète. Parmi ces logements, la résidence Jules Ferry est présentée à partir de 20 min 50.

Un des points clés du passif est sa qualité « vraiment durable », c’est-à-dire sa longévité dans le temps grâce à son efficacité énergétique qui est démontrée ici par cette locataire d’un 90 m2 au faible besoin de chauffage, ce qui impacte positivement sa dérisoire facture de chauffage. Parallèlement, les « équipements » passifs sont généralement « low-tech » et faciles à réparer, comme le caisson de la "ventilation de confort", fabriqué juste à côté à St Louis en Alsace.

La construction passive permet de réelles économies, mais elle ne s’arrête pas là : elle favorise la transition écologique, avec des logements qui utilisent facilement des matériaux bio-sourcés (paille, bois…) et qui ont un impact positif sur le bilan carbone de la construction. 

La résidence Jules Ferry à St Dié-des-Vosges est le résultat d’un cercle vertueux : la recherche initiale de performances soi-disant coûteuses a contraint les équipes à innover pour utiliser des ressources et solutions locales, abondantes, pas chères et durables. L’utilisation minutieuse des potentialités du lieu a abouti à une réalisation pertinente et certainement résiliente. Mais ça, c’est à l’avenir de nous le dire...

(La résidence Jules Ferry à St Dié-des-Vosges. MOA : Le toit Vosgien. Bat A (1544 m2) et Bat B (561 m2)

https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_4000

https://passivehouse-database.org/index.php?lang=en#d_3999 

https://www.youtube.com/watch?v=Cqyx40vUzEs

https://www.youtube.com/watch?v=S6y-zULiPbg

https://agriculture.gouv.fr/bois-et-paille-le-batiment-le-plus-haut-de-france-sort-de-terre

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