L'Édito,

Mai, Le mois où les températures douces et les journées ensoleillées permettent de voir les bénéfices des techniques du standard passif, telle que le maintien d'une température intérieure stable sans recours excessif à la climatisation ou au chauffage. La construction passive contribue ainsi à réduire l'empreinte carbone et à promouvoir un mode de vie durable. Vous ne le savez peut-être pas, mais la construction passive s'adapte à tout type de construction, c'est ce que vous pourrez découvrir dans notre newsletter.

Le passif s'adapte à tout

On entend encore trop souvent "maison passive, c'est pour la maison individuelle" ou "oui je connais, mais ce n'est pas compatible avec mon projet" ou " non, nous souhaitons réaliser une rénovation, on ne veut pas tout reconstruire passif". Alors nous avons décidé de mettre les points sur les "i"…

Oui, le standard passif s'adapte à tout type de bâtiment. Le standard passif est conçu pour être extrêmement flexible et peut être appliqué à une grande variété de bâtiments. Que ce soit pour des maisons individuelles, des immeubles d'habitation, des bureaux, des écoles ou même des bâtiments industriels, le standard passif permet d'atteindre un haut niveau d'efficacité énergétique. Ce concept repose sur l'optimisation de l'isolation, la gestion de la ventilation et l'utilisation des énergies renouvelables pour minimiser les besoins en chauffage et en climatisation. Grâce à cette adaptabilité, il est possible de créer des espaces confortables et économes en énergie, quelle que soit la taille ou la fonction du bâtiment.

Oui, le standard passif s'applique autant en construction neuve qu'en rénovation. Le standard passif n'est pas limité aux nouvelles constructions. Il est tout à fait possible de l'appliquer dans des projets de rénovation. En rénovant un bâtiment existant selon les principes du passif, on peut améliorer considérablement son efficacité énergétique. Cela peut inclure l'ajout d'une isolation performante, la mise en place d'un système de ventilation contrôlée, et l'installation de fenêtres à haute performance énergétique. Les rénovations passives permettent de réduire les coûts énergétiques à long terme tout en augmentant le confort intérieur et en contribuant à la réduction des émissions de CO2. De plus, elles valorisent le patrimoine bâti en modernisant les infrastructures sans compromettre leur intégrité historique ou architecturale.

Oui, si vous souhaitez réaliser un projet passif, il vaut mieux être formé afin de savoir de quoi vous allez parler. La réalisation d'un projet passif requiert une compréhension approfondie des principes et des techniques spécifiques à ce type de construction. Il est donc fortement recommandé de suivre une formation spécialisée. Cela peut inclure des cours sur l'isolation thermique, la gestion de l'étanchéité à l'air, les systèmes de ventilation double flux, et l'intégration des énergies renouvelables. Une formation adéquate vous permettra de maîtriser les aspects techniques et de conception nécessaires pour réussir un projet passif. De plus, en étant bien informé, vous pourrez mieux communiquer avec les professionnels du secteur, tels que les architectes et les entrepreneurs, et ainsi assurer que votre projet répond aux standards de qualité et d'efficacité énergétique requis.

Le portrait du mois : Aujourd'hui, c'est Romain CLARET qui répond à nos questions

Présentez-nous votre entreprise et votre parcours professionnel.

Les enjeux environnementaux font évoluer le bâtiment et le travail de conception. C’est pourquoi l'agence d’architecture Plan Libre a choisi d’intégrer l’ingénierie thermique et énergétique à ses projets dès le début des études. En 2008, cet engagement s'est concrétisé en créant Plan 9, société d’ingénierie des fluides à vocation environnementale, à laquelle je me suis associé. Ingénieur énergéticien de formation, je me suis engagé dans la même démarche environnementale pour pousser les projets vers une haute valeur environnementale. Le bureau d’études n’est plus cantonné au simple dimensionnement sur les dessins de l’architecte mais devient concepteur à part entière et oriente les choix pour atteindre des niveaux de performance élevés (Passif, BEPOS) à moindre coût. Le BET dispose également d'une grande compétence pour l'exploitation et la maintenance des bâtiments, avec des systèmes de suivi à distance qui ont été mis en place sur tous ses bâtiments labellisés, notamment pour des établissements d'enseignement (IUT de Nancy-Brabois, collèges de Prauthoy et de Villers-lès- Nancy, accueil périscolaire de Bertrange), ainsi que pour le SDED 52 à Chaumont

Pour quelles raisons avez-vous choisi de développer le standard passif ?

L’énergie la moins coûteuse est celle qui n’est pas consommée. Appliquer cette maxime parait simple et à la portée de tous mais à y regarder de plus près, elle reste un voeu pieux. Dans un projet de rénovation énergétique, comme en neuf il est indispensable d'investir dans des améliorations poussées de l'enveloppe du bâtiment (isolation, fenêtres, étanchéité) afin de réduire les systèmes de production d'énergie. Le niveau passif est le seul qui permette de passer le cap de l’équilibre économique et la rentabilité à long terme.
Le standard passif répond entièrement à cette maxime avec en prime le confort intérieur et pourquoi pas l’innovation. Le standard passif est donc une réponse parfaitement adaptée aux défis environnementaux, économiques, et de confort auxquels nous faisons face aujourd'hui. C’est une étape incontournable pour permettre au parc immobilier de franchir un cap qualitatif nécessaire pour un avenir plus durable et résilient. Rendre des bâtiments passifs, positifs, ou conformes au label premium est l’avenir de la construction.

Selon vous quelles sont les compétences/connaissances incontournables pour réaliser dans les règles de l’art un projet de construction/rénovation passive ?

Réaliser un projet de construction ou de rénovation passive dans les règles de l'art nécessite une combinaison de compétences techniques, de connaissances en matière de conception durable, et d'expertise pratique, et notamment : La compréhension des critères de base du standard passif, tels que l'isolation thermique, l'étanchéité à l'air, la ventilation munie d’une récupération de chaleur, les fenêtres à haute performance, et la conception bioclimatique. Les compétences en utilisation de logiciels de modélisation énergétique (le PHPP – Passive House Planning Package ou Therm/Flixo pour la modélisation des ponts thermiques) pour simuler la performance énergétique du bâtiment et optimiser les paramètres de conception pour atteindre les objectifs de performance du standard passif. La performance de l’enveloppe, ainsi, avec l’expérience, nous parvenons à corriger en cours chantier et sans faire plus de 2 tests blowerdoor la majorité des sources de fuites d’air et atteignons des performances conformes aux valeurs seuils des critères passifs. Enfin le point crucial réside dans la rigueur et le soin apporté aux détails constructifs. Prendre le temps nécessaire à l’application du standard passif et à l’obtention des preuves tangibles des résultats escomptés demande une plus grande précision lors de l’exécution des travaux et de leur réception. Malgré tout cela, nous restons humbles, nous ne sommes jamais à l’abri d’un choix en dernière minute de matériels inappropriés sans que nous en soyons avisés ou d’un mésusage par les utilisateurs dégradant les capacités des bâtiments construits. Mais l’essentiel est là car un bâtiment passif fortement dégradé consommera de toute manière deux fois moins qu’un bâtiment BBC bien fait.

Nous sommes en train de traverser une crise qui touche le prix des matières premières, comment faites-vous face à cette situation ?

Aujourd’hui, les prix sont conditionnés à des phénomènes complexes qui mêlent géopolitique, tensions sur les marchés liés à l’offre et à la demande. Pour chacun d’entre-nous, la maitrise de nos consommations est essentielle pour s’exonérer au maximum d’un retentissement de ces évolutions de prix sur nos finances. La crise énergétique actuelle difficilement supportable financièrement pour le plus grand nombre, en fait une réelle opportunité pour susciter davantage d’intérêt et d’adhésion à notre démarche. Ainsi la crise en cours peut être douloureuse mais en même temps salvatrice. Si le coût de la construction reste plus élevé qu’il y a quelques années, il en est de même pour les coûts des énergies consommées. Le retour sur investissement est donc de plus en plus favorable aux économies et à la mise en place de solutions substituant les énergies conventionnelles par des solutions renouvelables.

A l’heure actuelle, pensez-vous que le passif soit la solution pour rendre la construction plus soutenable et pourquoi ?

Oui, je pense que le standard passif est la dernière solution efficace pour rendre la construction plus soutenable, et ce pour plusieurs raisons clés : Parce qu’ils réduisent drastiquement la consommation d'énergie, en améliorant le confort et la qualité de l'air intérieur. Combinés à l’utilisation de matériaux durables, et peu carbonés, les bâtiments passifs représentent un modèle de construction qui répond aux défis environnementaux actuels tout en préparant un avenir plus résilient et durable. Partant du constat que le rythme de rénovation actuel des bâtiments est loin de nous permettre d’atteindre les objectifs de limitation du réchauffement climatique, construire et rénover en standard passif est le seul moyen que nous avons pour réduire significativement l’impact du parc bâti dans son ensemble. Mettre en oeuvre dès aujourd’hui la réduction maximale des gisements d’économie d’énergie possible c’est éviter de transmettre ce fardeau pour demain.

Pourriez-vous partager un moment mémorable ou une réalisation dont vous êtes particulièrement fier dans votre parcours professionnel ? expliquez votre choix

Lorsque nous prenons en main un projet, nous n’avons pas d’idée pré conçue sur la manière dont celui-ci doit être mené. D’ailleurs, c’est l’architecte le grand manitou de la construction et sans lui, il ne reste à l’ingénieur qu’une action limitée. Notre rôle est de tenter, dans la mesure du possible, de faire évoluer sa pratique pour créer une plus grande compacité, une meilleure stratégie d’orientation du bâtiment, une bonne utilisation des ouvertures. Bref, tout ceci peut être vécu douloureusement comme une remise en cause de ses idées qui sont parfois très ancrées. Maintenant, une belle architecture n’est jamais réalisée par un bureau d’étude et le plus important quitte à sacrifier quelques kilowattheures reste avant tout l’aspect extérieur et la fonctionnalité. Jusqu’ici qui a gagné un concours car il proposait un bâtiment passif ? ce n’est que la cerise sur le gâteau … Plusieurs projets me viennent à l’esprit mais je citerai le premier bâtiment certifié que nous avons rénové au niveau EnerPhit Plus (ID5647) pour le syndicat d’électrification du département de la Haute Marne (SDED52) à Chaumont avec l’agence Plan Libre. Nous constatons plusieurs années après et grâce à un maitre d’ouvrage très impliqué tant dans la construction que dans le suivi et la vie de son bâtiment que le bâtiment fonctionne et tient ses promesses. Le bilan montre un bâtiment qui est passé d’une consommation de 150 kWh/m² avant traitement à moins de 20 kWh/m² aujourd’hui.